jeudi 3 mars 2011

Yann Perreau au Métropolis

Compte-rendu du spectacle de Yann Perreau, le 27 novembre dernier




Depuis la sortie de son album Un serpent sous les fleurs (mars 2009), Yann Perreau et ses comparses ont sillonné la province, de long en large et puis fait quelques petits sauts outre-mer, une fois de temps en temps. Et puis entre-temps, a raflé le Félix du spectacle de l’année dans la catégorie auteur-compositeur-interprète. Trop peu de ses prestations ont empli nos oreilles et émerveillé nos yeux cette année, une supplémentaire avait lieu le 27 novembre au Métropolis. Compte rendu.
C’est d’abord le groupe rock/folk/psychédélique Final Flash qui avait l’honneur de faire la première partie du spectacle. Le band, qui a cette année lancé son premier disque intitulé Homeless (Indica Records), revient tout juste d’une grande tournée australienne (oui oui, rien de moins). Pour avoir vu Final Flash quelques fois en spectacle cette année, j’avais très hâte de voir ce qu’autant de voyages (Londres s’ajoute à la liste aussi…) et ce qu’une tournée d’une telle ampleur pouvait leur apporter, en quoi ça pouvait les influencer. Force est de constater que l’air de l’hémisphère sud leur a fait du bien: les gars sont plus énergiques et plus en contrôle de leur son que jamais, Joey Chaperon Cyr (à la voix et à la guitare) a beaucoup gagné en assurance et en contrôle. La performance est solide et convaincante. On continuera de les surveiller, croyez-moi ça en vaut la peine.
Puis c’est le retour de l’enfant-prodige sur scène. Éclairés à la lanterne, Yann Perreau et ses musiciens s’installent à leur instrument respectif et brisent la glace avec Le plus beau rêve. La scène est joliment, bien que sobrement décorée, les musiciens sont swell et Yann Perreau est sexy, as usual. Yann Perreau aime ses fans et ils le lui rendent bien.
J’ai toujours eu le même pattern avec les disques de Yann Perreau. Je l’écoute et je me dit: ouin c’est bien. Et puis je vois le spectacle et ça y est, j’écoute l’album en boucle pendant des jours et des semaines. J’ai besoin d’être témoin de l’intensité de Yann Perreau pour comprendre le sens de ses chansons, pour en comprendre la valeur. On le connaît comme une bête de scène, l’homme dont le déhanchement ne s’épuise pas (et dont je ne me fatigue pas non plus).  Son énergie intarissable, sa passion pour la musique et sa fougue sont tout autant de symptômes dont on est rapidement touché. Je danse ma vie et admire la vitalité de ce performer… Comme si tout à coup on n’avait pas à s’en faire: la vie est belle, la vie est légère, les gens sont beau et tout le monde s’aime. Tsé, ça nous pogne pas souvent un buzz de même? On en profite quand on nous met dans le mood.
Au cours de ce spectacle, on entendra ses plus belles créations (qui ont d’ailleurs été magnifiquement réarrangées pour l’occasion): L’amour se meurt, Le marcheur Rapide, Ma Dope à moi, Invente une langue pour me nommer, Conduis-moi, Fille d’automne, La pays d’où je viens, Le bruit des bottes (avec la présence de Loco Locass et Samian), La chanson la moins finie, C’est beau comme on s’aime (avec la collaboration du groupe CEA) et surtout… et surtout Amour Sauvage, cette magnifique interprétation d’un texte de Gaston Miron, chanson d’ailleurs qui se retrouve sur la deuxième compilation des Douze hommes rapaillés.
Mention spéciale pour le travail de Brigitte Poupart à la mise en scène: bravo bravo. J’avais d’abord remarqué son travail lors du spectacle de Misteur Valaire et j’ai retrouvé dans le spectacle de Yann Perreau, cette même touche, légère et pétillante. J’aime ça.
Voilà. On aura beau critiquer la validité et la crédibilité des prix remis lors du Gala de l’Adisq mais, quoiqu’on puisse en penser, Yann Perreau mérite clairement tous les honneurs qui viennent avec la statuette. C’est du pur délice. Visitez son site pour connaître ses dates de spectacles, il visitera sûrement une salle de spectacle près de chez vous dans les prochains mois. Et si c’est le cas, sautez sur l’occasion.

Die Antwoord : Zef so fresh

Retour sur le concert de Die Antwoord au Métropolis, le 25 octobre


Un phénomène est apparu sur Youtube, il y a quelques mois de ça. Une vidéo, franchement bien réalisée, qui met en scène un groupe de rap-rave sud-africain et ses trois membres bizarroïdes: Ninja, Yo-Landi Vi$$er et DJ Hi-Tek. Ils sont Die Antwoord. Ils sont les figures montantes du mouvement Zef. Et selon le site Wikipédia, le Zef est décrit ainsi (librement traduit de l’anglais, sur la page de Die Antwoord): «un style proprement sud-africain qui est moderne et trashy, qui inclut des références culturelles et stylistiques désuètes et démodées». Avouez que ça vous laisse perplexe.

J’ai toujours été troublée par ce groupe. J’ai beau écouter leurs vidéoclips, leur musique, incapable de me faire une idée. Je trouve ça extrêmement mauvais, mais du pur génie en même temps. Comment ça fait pour se côtoyer ces sentiments-là? D'accord, la réalisation, la direction photo et les concepts derrière les vidéoclips (et le site Internet) sont vraiment fascinants. Pour ce qui est de la musique, j’ai décidé de profiter de leur passage à Montréal (2e en 2 mois en fait) pour tenter de me faire une idée.

Le spectacle débute. Au parterre, une foule plus compacte que jamais manifeste sa joie. Sa haine, en fait… je crois, je ne sais plus trop. Sur scène, seul l’écran géant attire notre attention: une image quasi fixe du visage de ce «nain» qui fait office de «mascotte» au groupe. Il est immobile, impassible. J’ai des frissons (est-ce qu’il existe pour vrai lui?!?! Si oui, je ne veux JAMAIS le croiser dans la rue!). Puis, derrière son laptop, apparaît DJ Hi-Tek. Pour lui, on se passera de commentaire parce qu’il ne semble pas être quelqu’un qui a envie de faire jaser de lui. Puis, nos deux protagonistes: Yo-Landi et Ninja. Elle: une minuscule femme aux cheveux blonds presque blancs, aux allures d’enfant malgré son corps vraiment sexy. Lui, un grand maigre aux cheveux en brosse, aux allures dures. Drôle de match. Leurs costumes de scène varient entre le survêtement de peinture, les costumes de Pokémon, le legging doré avec un t-shirt ras les seins et des boxers blanc lousses (portés par lui, j’entends).

Au niveau musical, pas plus d’opinions à émettre. Puisqu’il s’agit majoritairement de séquences électroniques, on ne peut pas dire grand chose autre que ça sonne comme sur le disque. Pour ce qui est des deux rappeurs, leur style est vraiment intéressant, j’adore les roulements de «r» dans leur accent sud-africain et j’aime le fait qu’on retrouve beaucoup de mots en langue Afrikaans dans leurs paroles. Ça rend leur flow vraiment très particulier. Et puisque Die Antwoord n’a qu’un seul album à son actif, on a pas mal eu droit à toutes les chansons de l’album $O$, dont la populaire Enter the Ninja. Je ressors du Métropolis tout autant troublée et indécise qu’en y entrant.

En langue Afrikaans, Die Antwoord signifie The Answer. La réponse. Moi je ne l’ai pas trouvée. Et si vous lisiez cet article pour vous aider à vous faire une idée sur ce groupe, je suis désolée. Profitez-en quand même pour aller faire un tour sur leur site, ça vaut clairement le détour.


emiliegagne@gmail.com

Phoenix au CEPSUM

Retour sur le spectacle du groupe indie-pop français Phoenix, le 21 octobre dernier


Cette année, Phoenix s’est mérité le Grammy du meilleur album alternatif pour leur plus récent opus (sorti en mai 2009) Wolfgang Amadeus Phoenix. Ainsi, on a eu droit à quelques visites des Phoenix au cours des derniers mois. Pour avoir manqué (avec grande déception) leur spectacle au Métropolis en décembre dernier, ça fait quelques mois déjà que j’avais la ferme intention de me reprendre avec cette nouvelle venue au CEPSUM. Comme on dit, un plan B ça ne fait pas tout le temps la job…

Pas que je sois déçue de la performance de Phoenix, au contraire. En plusieurs points, la performance correspondait à ce que j'espérais. Les gars sont généreux avec leur public ( je parle ici de petites jasettes, de chanson parmi la foule, de petite promenade dans les estrades), les chansons ont très bien été exécutées (quoique assez similaires aux versions endisquées) et surtout, on s’est adressé à nous en FRANÇAIS. Parce qu’on a beau avoir affaire à une gang de Français (de France), ce n’est pas toujours gagné d’avance l’idée qu’on aura droit à ce qu’on s’adresse à nous dans cette langue. Ça avait d’ailleurs fait quelques vagues, à leur dernière présence au Métropolis, le fait que Phoenix s’était adressé à la foule principalement en anglais. Je suppose qu’ils en avaient, cette fois-ci, pris conscience, car on a eu droit à des interactions 100% en français. Bravo, on se sent privilégié, on n’en demandait pas plus. Toutefois, il faut se rappeler que 1) Thomas Mars, le chanteur du groupe, est marié à Sofia Coppola, réalisatrice américaine qui ne doit sûrement pas dire un mot en français 2) Phoenix a d’abord gagné sa popularité auprès du monde anglophone et Montréal, dans ce cas, n’y fait pas exception. Voilà pour leur défense. Également, on a eu droit à plusieurs excellentes chansons, principlalement tirées de l’album Wolfgang Amadeus Phoenix, dont: 1901, Lisztomania, Girlfriend, Fences, Armistice, Lasso, Rome, Love like a Sunset (Partie 1 et 2). Certaines datant des précédents albums : Long Distance Call, North, Love for Granted et Everything is Everything. On a même eu droit à un cover de Johnny Hallyday, une chanson intitulée La fille aux cheveux clairs. Voilà, ça fait le tour de ce que j’ai aimé.

Parce qu’il y a des choses moins le fun…. Car même si les gars de Phoenix ont donné un très bon spectacle, l’énergie n’y était pas à son maximum. C’était un show bien tranquille. Évidemment, Phoenix est en tournée de façon quasi continue depuis mai 2009, on comprend que le cœur n’y est peut-être plus autant qu’au premier show. C’est normal, mais un peu triste pour nous. Ça sentait la fin de tournée… On ressentait le «chu fatigué, je commence à avoir hâte de rentrer chez nous» sur le visage des gars. Et puis, nous on fatigue un peu aussi…parce que le CEPSUM, c’est d’abord un aréna. Ce n'est pas fait pour être agréable lors d’un concert. Selon l’installation de la scène, de l’ensemble des lumières et de la mise en scène, on comprend bien que ce spectacle aurait difficilement pu avoir lieu dans un endroit comme le Métropolis. N’empêche, dans un aréna, le son ne sera jamais réellement excellent, quoi qu’on y fasse. De plus, pour tous les gens qui étaient au parterre, un défi de taille: essayer de ne pas avoir froid pendant trois heures, parce que nos pieds sont séparés de la glace de la patinoire par un maigre 3 cm de tapis-mousse. Bref, avis à tous, si vous allez voir un show au CEPSUM, habillez-vous comme si vous restiez dehors pour la soirée.

En 2011, Phoenix prendra un peu de repos de la tournée et se concentrera sur la création d’un nouvel album. On serait quand même content d’avoir leur visite à nouveau durant l’année… au Centre Bell peut-être, ça serait le fun…


emiliegagne@gmail.com

Samedi dans l’urgence (Partie 2)

Concert symphonique et toilettes chimiques, suite et fin d’une soirée rocambolesque

(…)
J’arrive en taxi et en catastrophe  à la Brasserie Molson. Pas un chat dehors. Ben oui, c’est supposé être commencé.

Garde de sécurité : «Trop tard. On n’admet pu personne.»
Chauffeur de taxi : «Mais ma cliente a son billet!»
Garde de sécurité : «Billet, pas billet, c’est commencé. Pu personne n’entre.»
Moi : «Mais j’ai un laissez-passer média!! On m’a dit que ça serait correct!»
Garde de sécurité : «Ah oui? Ok on va vous faire entrer, madame. Je fais venir quelqu’un pour vous accompagner jusqu’à votre siège.»
Et pendant que je marche vers la bâtisse, on s’affaire autour de moi pour me fournir pochette de presse, billet, tite lampe de poche, monsieur-accompagnateur… Je m’assis, je dois avoir 5 minutes de retard sur le début du concert.

                                    ….c’est le fun des fois la vie…

La soirée était organisée en collaboration avec le festival de musique électronique Mutek. Au menu : l’OSM performe pour nous Messagesquisse, de Pierre Boulez et Symphonie no 1 « Titan », de Gustav Mahler. La soirée se poursuit avec des artistes de la scène électro berlinoise : Thomas Fehlmann (membre de The Orb) et Substance & Vainqueur. Et le tout se déroule dans un décor inusité: des palettes, des tours, des quasi-buildings de caisses de 24.

L’Orchestre Symphonique de Montréal et son chef d’orchestre, Kent Nagano, s’exécute devant mes yeux. J’ai encore le cœur qui pompe, d’avoir couru et du stress subi d’avoir quasi resté prise dehors. Je me concentre sur leur interprétation et je tente d’y retrouver mes repères. Une mélodie, un air connu, je ne sais pas. Je l’admets, je suis tellement une néophyte de tout le genre classique. Mais faut avouer qu’à la panoplie de symphonies, de concertos, d’opéras, d’adagios (etc.) qui existent… tellement qu’on ne peut plus les nommer par une association de quelques jolis mots, il faut les numéroter (Symphony no.5 in c minor op.67 Anyone?). Bref, passer du niveau « débutant » à « intermédiaire », ça prend considérablement du temps.  Pour en revenir au concert… Je n’y trouve aucun repère… mais c’est beau. Et c’est surtout d’une passion intense. : c’est impressionnant de voir à quel point on peut lire la concentration sur le visage des musiciens, et que dire des gestes fougueux de Kent Nagano… du délice pour les yeux.

Et du délice pour les oreilles. Faute de connaissances suffisantes, je ne peux me prononcer sur la qualité, l’acuité de la performance de l’OSM ce soir-là. Mais je peux certainement dire que je suis vraiment impressionnée, à quel point un entrepôt de bières offre une qualité de sonorisation exceptionnelle (probablement quelque chose à voir avec les techs de son aussi…). Et j’ai adoré les petites interventions de M. Nagano, nous expliquant les contextes de création des pièces interprétées (tiens donc, l’alcool a quelque chose à y voir), et vulgarisant la complexité des pièces (dans le fond, c’est juste Frère Jacques dans une autre tonalité…).

La partie électro de la soirée fut très intéressante aussi. Un petit peu plus planant et un peu moins dansant que je ne l’avais espéré, mais j’ai grandement aimé la prestation de Thomas Fehlmann en collaboration avec certains musiciens de l’OSM (variation sur le thème de Symphonie no 1 de Mahler, entendue un peu plus tôt). Et beaucoup aimé les projections visuelles : une œuvre de Baya Cardell & fils.

Et que dire de tous ces gens en fin de soirée, habillés chics (robe élégante, talons haut, cravate, veston, colliers de perles pis toute) qui font la file d’attente à l’extérieur pour aller aux toilettes chimiques. « Penses-tu qui reste du papier de toilette?! Penses-tu qui fournissent du p’tit Purell?! »… Eh oui, c’est ça les concerts dans des endroits inusités. Ça donne des souvenirs inusités aussi.

Samedi dans l’urgence (Partie 1)

Samedi, 16 octobre. Les minutes étaient précieuses. Récit d'un début de soirée pressé


Oui, cette année j’ai souvent dit ça : «À soir c’est LE soir.» Y’a des années de même, bien remplies de soirées not-to-be-missed. Le 16 octobre, c’était une de ces journées qui me donne des papillons dans le ventre bien longtemps à l’avance : Blonde Redhead s’en venait en ville.
D’autant plus que leur plus récent album, Penny Sparkle, ce n'est pas simplement un coup de cœur, c’est un coup de foudre. Dès les premières notes, mon cœur avait flanché. Cet album est beaucoup plus axé sur les synthétiseurs que ce que nous a fait connaître Blonde Redhead avec les albums précédents. Les guitares sont (presque) reléguées au deuxième rang: fort étonnant mais satisfaisant tout de même. Si Blonde Redhead m’avait, jusqu’à maintenant fait une forte impression et m’avait bouleversée par ses paroles profondes et poignantes, là je suis totalement vendue. Le fait que les membres de Blonde Redhead aient, pour la première fois, confié la réalisation de leur album à un tierce parti, et que ce tierce parti soit un duo de Suédois, et que je sois complètement fan de tout ce qui est Scandinave, y est peut-être pour quelque chose. Va savoir.

 Le groupe se présente sur scène : 21h25 ( j’ai vraiment remarqué cette fois-ci, je stressais parce que je devais partir tellement  tôt…). Kazu Makino, la partie féminine du trio, apparaît sur scène vêtue d’une jolie robe couleur crème et d’un masque qui semble être un mélange d’acier et de long poils, genre couettes de cheveux (blond roux?). Du moins, de mon point de vue, c’est ce qui m’a semblé. J’aime ce genre d’image féminine. Une beauté charismatique, qui bouge tout doucement, comme une valse. Et ce visage effacé par cet étrange masque de fer… Une projection féminine qui verse dans l’anonymat. C’est une image de la passion de la musique et c’est tout. Quoi que le masque n’a été porté que pour une seule chanson, Kazu Makino cache son visage avec ses longs cheveux. Je remarque que le trio est peu éclairé de face. Les lumières proviennent surtout de l’arrière de la scène. C’est définitivement une image effacée que les membres de Blonde Redhead se donnent. On n’admire pas les musiciens, on admire leur musique.
 Est-ce qu’on peut parler de «hits» dans le cas de Blonde Redhead? De chansons plus populaires? Chaque fan a ses propres coups de cœur. Pour ma part, j’ai entendu tout ce que je tenais à entendre: Falling Man, Here Sometimes, My Plants are Dead , S.W., Spring and by Summer Fall … Ah non, ce n'est pas vrai : il me manquait This is not.

Mea Culpa, j’ai manqué le rappel. Je ne sais pas ce qui s’est passé, quelles chansons ont été jouées. Je ne sais pas si les fans en ont redemandé huit fois plutôt qu’une, je ne sais pas je ne sais pas. Et j’aimerais le savoir. Moi j’ai dû sauter dans un taxi, pour un tout autre événement. Suite du récit de la soirée : demain.

Une soirée à Pop Montréal : Karkwa et Liars

Deux bons bands qui se produisent le même soir à Pop Montréal

Comme toujours, Pop Montréal offrait une programmation riche en spectacles à ne pas manquer. Dont deux que je tenais absolument à voir: Karkwa et Liars. Deux groupes qui ont sorti cette année des albums plus qu’excellents : Les chemins de verre pour Karkwa et Sisterworld pour Liars. Et l’excellence se concentre en une seule et même soirée : le 30 septembre dernier. Karkwa est au Métropolis à 20h30 tandis que Liars se produit au National à 22h30. Thank god, les horaires concordent.

C’était Leif Vollebekk qui assurait la première partie de Karkwa et le Métropolis était déjà plein à craquer. Comme quoi cet auteur compositeur folk montréalais suscite déjà beaucoup d’intérêt… Et effectivement ma curiosité et mon intérêt ont été captés par ces compositions douces et introspectives. Et je suis surtout charmée par le fait qu’une de ses  principales inspirations soit l’Islande… À découvrir, vraiment.

Je me fais un chemin à travers la foule, faut que je sois le plus près possible. Parce que ça va être follement bon et parce qu’il n’est pas question que je vois Louis-Jean Cormier de loin. Je m’arrête à deux pas de l’immense colonne de haut-parleurs (damn!) histoire de voir, de respirer un peu quand même, et de me faire défoncer les tympans. On attend beaucoup de Karkwa ce soir, parce qu’on a la chance d’entendre les compositions des  Chemins de verre pour la première fois sur scène depuis la sortie de leur plus récent album et depuis qu’ils sont les heureux récipiendaires du prix Polaris 2010, cette bourse qui récompense un artiste ou groupe émergent s’étant démarqué au cours de la dernière année. Bourse qui, pour l’occasion, a plus ravivé la fameuse (et esti de) friction anglo-franco… Et je pourrais m’étendre très longtemps sur ce que j’en pense, mais je vais plutôt revenir à ce que j’ai pensé du spectacle. Moins frustrant.

Pas frustrant du tout en fait, puisque Karkwa a donné une incroyable performance, digne de la qualité de leur nouvel opus et surtout digne de la fulgurante ascension qu’ils ont connue au cours des dernières années. On parle d’eux en Europe (dans la francophonie, ceci dit) et on parle même d’eux de l’autre bord là, dans le Canada anglais (2e esquive du sujet). Ce qui étonne le plus de Karkwa en spectacle, c’est le constant renouvellement et remaniement de leur répertoire, et même des chansons un peu plus vieilles. Cette constante modification des arrangements des pièces qui nous font découvrir un nouvel angle, un nouvel aspect aux chansons déjà connues, ce renouvellement qui nous permet un peu plus à porter attention au texte. C’est d’être maître de son art, c’est d’être incroyablement passionné, que d’offrir ces oeuvres sans cesse revisitées à son public. Entendu au cours de cette performance, une incroyable version quasi-méconnaissable d'Oublie Pas, cette chanson tirée de l’album Le volume du vent, qui deux ans plus tard, me fait encore dresser les poils sur les bras. Un bijou, un cadeau. Karkwa, je t’aime.

Le concert est à peine terminé qu’il est déjà temps de courir au National, histoire d’arriver à temps pour la performance de Liars. J’ai environ 5 minutes pour changer de mood, passer d’émotive et introspective à trashy. Ce n’est pas tout à fait évident, ça prend normalement plus de temps, mais je suis oh so polyvalente….
Liars, c’est depuis toujours excellent sur CD, un de mes groupes préférés depuis plusieurs années déjà. Pour la première fois, j’ai eu l’opportunité de les voir en spectacle lors de mon voyage en Italie, plus tôt cette année. Je ne sais pas ce qui m’avait enchanté le plus, la performance en tant que tel, ou peut-être plus le fait que je suis en voyage, que je suis émerveillée par tout ce que je vois, que le show a lieu sur une ancienne base militaire de la 2e Guerre Mondiale… tsé? Bref, cette fois en terrain connu, je me sentais plus en capacité d’analyser objectivement la performance. Pas tout à fait quand même, Karkwa ayant laissé une trace de feeling emo en moi… Toujours est-il qu’une performance de Liars, ça se passe sans décor concept, sans mise en scène fancy, sans grande interaction avec le public et ce n’est peut-être pas la plus grande démonstration d’habileté et d’exploration musicale qui soit, mais peu importe, c’est incroyablement bon juste de même. On a principalement eu droit aux compositions qui se retrouvent sur leur plus récent album, Sisterworld, le concert ayant été relativement de courte durée. Et c’est peut-être mon cerveau qui commençait à être influencé par l’alcool ou par la pluie abondante, je suis plus tout à fait certaine si j’ai entendu Brocken Witch (tirée de l’album They were wrong so we drowned) ou si j’ai juste voulu l’entendre. Et du peu d’interaction avec la foule, j’ai tout de même fortement apprécié le fait que le chanteur, Angus Andrew, a dit apprécier jouer dans une ville francophone, et qu’il est louable le fait que nous utilisions toujours le français malgré la forte présence de langue anglaise autour de nous (ça y est, une 3e fois et on n’esquive plus le débat). Bref.
 
À découvrir absolument si vous ne connaissez pas déjà :
Leif Vollebekk, l’album Inland. M. Vollebekk sera de retour en spectacle à Montréal le 30 novembre prochain.
Karkwa, tous leurs albums, dont le plus récent : Les chemins de verre. Prochain spectacle à Québec le 18 novembre prochain (avec Leif Vollebekk en première partie).
Liars, l’album Sisterworld. Pas de spectacles prévus dans les environs, concentrez-vous sur l’écoute de l’album, et la découverte des autres.

The Tallest Man on Earth au National

Soirée plus qu’étonnante le 23 septembre dernier, alors que S. Carey et The Tallest Man on Earth se donnaient rendez-vous sur les planches du National.


Je me rendais à ce spectacle simplement parce que la réputation devançait cet artiste. Accompagnée de copines qui ont pour lui plus qu’une simple adoration sans bornes, je me suis lancée à la découverte, je n’avais rien à perdre. Et c’est quand on n’a plus rien à perdre que les plus belles choses arrivent (et cette énonciation s’applique à bien plus que  juste la musique).

En arrivant devant le National, une horde de gens traînent, fument, jasent, attendent. Le show se donne à guichets fermés, on entend les classiques « anybody selling tickets?! » qui retentissent d’un peu partout. Y’a définitivement une hype qui m’a échappé. Mais  bon, c’est plutôt bon signe. Et en plus les gens sont beaux. Et ça, quand les gens sont beaux, moi j’aime ça. Et j'ai encore plus l’impression que le show va être bon. Je suis de bonne humeur, j’ai le sourire et les yeux grand ouverts.

On entre à l’intérieur tout juste comme les lumières s’éteignent. Un certain S. Carey (doit-on y lire scarey?) assure la première partie. Et si normalement on porte plus ou moins attention à cette ingrate position du musicien qui tente (parfois vainement) de se faire un nom en s’associant à quelqu’un qui en a un (un nom), là, force est d’admettre que les toutes premières notes nous ont tout de suite hypnotisées. C’est délicat et à la fois intense, c’est planant et profond, c’est émouvant et théâtral. Ça sonne à la fois comme Bon Iver et comme Sigur Ròs. S. Carey, de son prénom Sean, nous informe qu’il est originaire d’Eau-Claire au Wisconsin (tout comme Bon Iver), et qu’il agit à titre de percussionniste et pianiste pour Bon Iver. ‘Gard donc ça… (En plus, je suis quasi certaine que c’était Bon Iver lui-même qui était à la table de marchandise à l’arrière de la salle…)

Émue et surprise, je suis.

Puis, quelques minutes plus tard, Kristian Matsson apparaît. Sur scène, il n’y a que quelques guitares, un micro et une petite chaise droite. C'est tout. Pas de décor, pas de lumières fancy. Juste ce petit blond, ce Suédois surnommé le plus grand homme sur Terre, qui semble avoir toute la bonté et la générosité du monde. J’avais les oreilles presque vierges de son répertoire. Restait plus qu’à m’impressionner, ou me décevoir. Mais la deuxième option était tout simplement impossible en ces circonstances de soirée. Moi qui se montre habituellement très capricieuse dans les cas « gars emo qui gratte sa guitare » (car j’aime ça moi, les arrangements dans une chanson, mets-en du son pis des instruments!) je dois avouer n’avoir jamais vu de ma plus ou moins courte vie, un homme posséder une foule avec si peu de moyens. Incroyable, l’émotion et l’intensité qui peut se dégager de sa voix et de sa guitare. Et avec l’autre chopstick à côté de moi qui lâche quelques fois un : «oh my god, ça y est, je vais pleurer là», nul autre choix que d’être émue tout autant que totalement vendue, moi aussi. Une soirée sans attentes, une soirée de grandes découvertes.

Je vous incite fortement à découvrir la musique de S. Carey et de Tallest Man on Earth, quelques pièces sont disponibles sur leurs sites Myspace. Enjoy.